13/08/2015
lanceur d'alerte : une évolution en septembre
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Le gouvernement va déposer à l’automne un projet de loi sur l’éthique et la transparence en matière financière
Ce projet aura pour objectif d’améliorer le statut rt la reconnaissance, notamment vis-à-vis de l’opinion publique des lanceurs d'alerte de projets d’infractions délictuelles ou criminelles notamment en matière financière et fiscale
Dans d'autres démocraties cette reconnaissance rentre dans la protection du témoin .La question est de savoir ou placer le curseur entre la morale individuelle telle est écrite dans le Livre de Moise, source de nos trois religions, et la protection de l’intérêt général. Enfin ce délicat équilibre, non encore trouvé, devrait se rattacher à la jurisprudence de la CEDH et notamment l’arrêt du 6 décembre 2012..
Dans notre Histoire, le lanceur d’alerte a été d’abord considéré comme un corbeau nuisible, comme un délateur en sous entendant la désobéissance au verset des tables de MOISE « tu en dénonceras pas ton voisin)
Je rappelle à nouveau que le décret révolutionnaire du 9 octobre 1789, abrogeant l’ordonnance criminelle de Colbert ; a interdit, dans son article 3, les dénonciations anonymes sous peine de nullité de la procédure
De même, une loi républicaine, reprise par l’ancien article 40 du livre des procédures fiscales stipulait « Une dénonciation anonyme ne peut servir de base à un soupçon de fraude ».mais le législateur, dans l’allégresse de l’adoption du rapport Aicardi, a en 1986 abrogé, avec innocence, ce texte protecteur mais qui serait toujours appliquer en fait
La situation actuelle de la JP sur les visites domiciliaire L 16 B
Cass Crim., 19 mai 2004 n° 03-85.264, (Bull. n° 130)
S'il n'est pas interdit au juge qui autorise une visite domiciliaire en matière fiscale de fonder sa décision sur une déclaration anonyme, c'est à la condition que celle-ci lui soit soumise au moyen d'un document établi par les agents de l'administration et signé par eux et qu'elle soit corroborée par d'autres éléments d'information qu'il décrit et analyse3.
Cass Crim 28 juin 2006 N°05-83.782
« Attendu que, d'une part, le juge peut faire état d'une déclaration anonyme faite oralement aux agents de l'administration fiscale, dès lors que celle-ci lui est soumise au moyen d'un document établi et signé par les agents de cette administration, permettant d'en apprécier la teneur, et qu'elle est corroborée par d'autres éléments d'information que l'ordonnance décrit et analyse ;
L’évolution de l’image du lanceur d’alerte
Cette image est entrain de se modifier si l’objectif de lanceur d’alerte, connu donc responsable et non anonyme, est d’abord de protéger un intérêt général
Le lanceur d'alerte ne doit être ni un justicier ni un forcené du légalisme mais d'abord un protecteur de l’intérêt général
Ce projet de loi aura notamment pour objet d’améliorer la situation des lanceurs d’alerte
Lanceurs d’alerte : la sécurisation des canaux et des procédures
Colloque organisé par la Fondation Sciences Citoyennes et Transparency International France à l'Assemblée nationale le 4 février 2015
Les travaux de rédaction du projet vont reprendre les fortes réflexions du président SAUVE en février dernier
L’éthique du lanceur d’alerte saisie par le droit français.
En effet Selon la formule du président Vigouroux, là où
« La dénonciation veut nuire, le signalement veut sauver ».
Il ne saurait, dès lors, porter atteinte aux secrets protégés par la loi et pénalement sanctionnés, comme le secret professionnel, celui des correspondances ou celui de la défense nationale.
En dehors des cas où la loi autorise la levée du secret, l’alerte doit en premier lieu emprunter la voie du secret « partagé » avec les membres habilités à en connaître, et non celle désordonnée et porteuse d’incertitudes de la « fuite » d’informations.
En outre, s’agissant, en particulier, des agents publics, doivent être observées les règles de discrétion qui s’appliquent, de manière large, à « tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions » En dehors des cas prévus par la réglementation, les agents publics ne peuvent être déliés de cette obligation que par une « décision expresse » de l’autorité
X X X X X
La loi avait déjà mis sous haute protection le lanceur d’alerte de délit ou de crime de tout genre et notamment de délits fiscaux
Article 35 de la loi du 6 décembre 2013
Mais d'autre lois ont un objectif similaire
/ Les signalements et secteurs protégés
Note de P Michaud aucune de ces lois n’impose une obligation de déclaration et ce contrairement a la loi TRACFIN, ou à l’article 40 du CPrP de même qu’aucune rémunération n’est prévue directement et ce contrairement à la législation US mais lire in fine
- par la loi du 13 novembre 2007 : le signalement par le salarié du secteur privé de « faits de corruption »
- par la loi du 29 décembre 2011 (loi Bertrand) : le signalement par toute personne de « faits relatifs à la sécurité sanitaire des produits » [médicament et produits de santé selon l’article L5311-1CSP]
- par la loi du 16 avril 2013 (loi Blandin) : le signalement par les personnes physiques et morales de « tout risque grave affectant la santé publique ou l’environnement »
- par la loi du 11 octobre 2013 : le signalement par toute personne « des faits relatifs à une situation de conflits d’intérêts ». Cette protection est - limitée aux signalements concernant les aux personnes visées par les articles 4 [membres du gouvernement, principaux exécutif locaux] et 11 [liste d’élus et hauts- fonctionnaires]
- par la loi du 6 décembre 2013 : le signalement par les secteurs public et privé « de faits constitutifs d’un délit ou d’un crime »
- par le projet de loi du 17 juillet 2013 sur la déontologie des fonctionnaires : le signalement par l’agent public de « faits susceptibles d’être qualifié
Cette nouvelle fonction est contraire à notre culture anti délation qui date des années 40-45 mais peut être protectrice dans certaines situations d’intérêt général ou collectif
Cette reconnaissance protectrice des dénonciateurs d’infractions délictuelles est une révolution dans la civilisation française .Dans d'autres démocraties cette reconnaissance rentre dans la protection du témoin .La question est de savoir ou placer le curseur entre la morale individuelle telle est écrite dans le Livre de Moise, source de nos trois religions, et la protection de l’intérêt général. Enfin ce délicat équilibre, non encore trouvé, devrait se rattacher à la jurisprudence de la CEDH et notamment l’arrêt du 6 décembre 2012..
Le lanceur d'alerte ne doit être ni un justicier ni un forcené du légalisme
mais d'abord un protecteur de l’intérêt général
LE GUIDE PRATIQUE DES LANCEURS D' ALERTE FRANCAIS
La communication des pouvoirs publics sur le lanceur d’alerte
Le premier site pour les lanceurs d’alerte
Une première décision sur intervention d’un lanceur d’alertes
Cour de cassation, Chambre criminelle, 05 mars 2014, 13-84977
Ou donc positionner le curseur des libertés entre le rejet moral du principe de la délation et la nécessité de protéger l’intérêt Général.
À mon avis la qualité humaniste des hommes ou femmes sera primordiale
Un système similaire existe depuis de nombreuses années aux USA ainsi que dans certaines entreprises françaises
Dans de nombreux pays de l’OCDE, la pratique de la rémunération des aviseurs fiscaux est légale, admise par l’opinion publique et fait même l’objet d’une lucrative industrie pour des avocats comme aux états unis avec l’IRS
How Do You File a Whistleblower Award Claim Under Section 7623
Ou donc placer le curseur entre la morale publique, l’efficacité économique
et la protection des libertés individuelles ?».
En ce qui concerne la direction des douanes et droits indirectes, la rémunération des aviseurs douaniers est légale et d’une grande efficacité surtout en matière de lutte contre le trafic de drogue
L'article 391 du code des douanes dispose en effet que la part attribuée au Trésor dans les produits d'amendes et de confiscations résultant d'affaires suivies à la requête de l'administration des douanes est de 40 % du produit net des saisies. Un arrêté du ministre des finances détermine les conditions dans lesquelles le surplus est réparti. Etant précisé qu’une partie non symbolique est versée aux œuvres sociales des douanes
" Art. 2. - Toute personne étrangère aux administrations publiques qui a fourni au service des douanes des renseignements ou avis ayant amené directement ou indirectement la découverte de la fraude reçoit une rémunération qui ne peut excéder la somme de 3 100 € sauf décision contraire du directeur général des douanes et droits indirects. Cette rémunération est fixée de façon discrétionnaire et ne peut faire l'objet d'aucun recours. "
En matière de droit indirect
L’Article 1825 F du CGI - applicable en Droit Indirect dispose
Aucun indicateur ne peut prétendre à une remise ou rémunération quelconque s'il n'est justifié par écrit que les renseignements qu'il a fournis l'ont été avant le procès-verbal.
En matière de fiscalité directe et de TVA
Après une très courte période d’incertitude, l’aviseur fiscal n’est pas rétribué sur le budget du MINEFI Mais pourra t il l’être sur le budget du ministère de l’intérieur ?
la possibilité d’une telle rémunération est déjà en effet prévue par L’article 15-1 (créé en mai 2004) de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité dispose
"Les services de police et de gendarmerie peuvent rétribuer toute personne étrangère aux administrations publiques qui leur a fourni des renseignements ayant amené directement soit la découverte de crimes ou de délits, soit l'identification des auteurs de crimes ou de délits.
Les modalités de la rétribution de ces personnes sont déterminées par arrêté conjoint du ministre de la justice, du ministre de l'intérieur et du ministre des finances.
L’arrêté du 20 janvier 2006 précise les modalités d’application de ce texte
Le montant de la rétribution susceptible d'être versée au titre de l'article 15-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée est fixé par le directeur général de la police ou de la gendarmerie nationale, sur proposition du chef de service ou de l'unité de l'officier de police judiciaire chargé de l'enquête.
Le service ou l'unité ayant eu recours à l'informateur est tenu de conserver, de façon confidentielle et protégée, toute pièce permettant d'établir l'identité de l'informateur.
La rétribution de l'informateur est fixée de façon discrétionnaire et ne peut faire l'objet d'aucun recours.
Son versement fait l'objet de l'établissement d'un reçu, signé par le bénéficiaire, conservé de façon confidentielle et protégé par le service ou l'unité d'enquête."
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