21/03/2008

LYSIAS : UN LOGOGRAPHE par P.MICHAUD

medium_DemosthPracticing.jpg

Le Concours Interuniversitaires et Francophone de Plaidoirie organisé par la Conférence Lysias

LE SITE DE LA CONFERENCE  LYSIAS

À Athènes, dans l'Antiquité, la loi fait obligation au plaideur de soutenir lui-même sa cause devant le tribunal, par deux discours successifs. La notion d'avocat est inconnue. La loi ne tolère qu'un ami ou parent devant le tribunal pour l'aider. Si le plaideur se sent incapable de produite un discours convenable, il recourt aux services du logographe (du grec ancien λογογράφος / logográphos, de λόγος / lógos « parole, discours » et γράφω / gráphô, « écrire ») qui  désigne les rédacteurs professionnels de discours judiciaires de la Grèce antique. Le logographe écrit alors un discours qu’il fait apprendre  par cœur à son client qui va le réciter devant le tribunal.

Le logographe n’est donc pas un plaideur, il est un rédacteur professionnel de plaidoyers, de discours judiciaires.


Lysias, né à Athènes en 440, mort en 380 av. J.-C., est l'un des dix logographes  ou « orateurs attiques » retenus par le Canon alexandrin d'Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace :
  • Antiphon, le premier dont les discours aient été publiés
  • Andocide, amateur si l'on peut dire, car les discours que l'on a de lui touchent sa propre vie
  • Démosthène, qui met son éloquence au service de ses convictions politiques
  • Dinarque, logographe pro-macédonien
  • Eschine, adversaire de Démosthène
  • Hypéride, adversaire de Philippe comme Démosthène
  • Isée, spécialiste des affaires d'héritage
  • Isocrate, le rhéteur philosophe
  • Lycurgue, adversaire de Philippe
  • Lysias, spécialiste des plaidoyers civils 

LYSIAS s’apparente ,à mon avis, à l’avocat de notre ancien régime qui , interdit de procès pénal, rédigeait des « factum » ces mémoires écrits qu’il adressait au Roi, aux magistrats  et qui permettait aussi d’ »ameuter » les citoyens sur l’injustice de la justice royale.

La bibliothèque du Barreau de Paris conserve plus de 3.000 factum notamment celui de l’avocat général au Parlement de Bordeaux  Charles DUPATY .

De même ,Le Catalogue des factums et d'autres documents judiciaires antérieurs à 1790, en 7 volumes, d'Augustin Corda, conservé à la BNF, répertorie les mémoires relatives aux causes célèbres.

Sous l’ancien régime,en effet, l’ordonnance criminelle de Colbert de 1670 avait confirmé l’interdiction,quasi générale , de la présence de l’avocat à tous les niveaux  du procès pénal alors que l’accusé avait l’obligation de prêter serment.

Les abus judiciaires de la procédure inquisitoriale ont  entraîné une réaction de certains avocats généraux (Servant, Dupaty)  et surtout celle de nombreux avocats, ces auxiliaires du parlement , ces juristes roturiers, qui ,interdit de parole, se sont manifester par des mémoires écrits, les factum et ont préparé les réformes judiciaires votés par nos confrères constituants dès août 1789.

Rédigé par les avocats pour instruire les juges, le factum échappe à la censure royale. Dans les années 1770-1780, il sort peu à peu de l'espace judiciaire et se répand dans les cafés et les salons.

Distribué ou vendu, le mémoire rencontre un réel succès grâce à la qualité littéraire de ses auteurs et permet aux avocats ambitieux comme  Bergasse  ou Lacretelle de se faire un nom..

Dans la pensée de la fin du XVIII°siècle, les lettres de cachet et les factum représentent, les deux pôles opposés de l'autorité et de la justice : d'un côté une procédure secrète et arbitraire, de l'autre un appel public et ouvert à la raison et au droit Dans l’affaire CALAS , Voltaire a collaboré avec trois avocats Élie de Beaumont, Mariette et Loyseau  de Mauléon .pour établir ses factum.

Dans l’affaire Sanois , Me Pierre Louis de Lacretelle, est devenu le nouveau champion des libertés individuelles. contre les lettres de cachet.

Les réflexions  et les réformes de cette époque , très souvent émises par les avocats, ont permis de former  le socle du droit de la défense  tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Notamment , le décret du 9 octobre 1789 a été le texte révolutionnaire, voté par nos confrères constituants , qui a permis l'abrogation de l'ordonnance de Colbert.

Patrick Michaud

04:02 Publié dans NOTRE HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : JUSTICE, avocat, lysias |  Facebook | | | Pin it! |  Imprimer | | |

Les commentaires sont fermés.