19/02/2007

FAILLITE:LES AVOCATS AUSSI par Faustine CALMELET

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 Cet article sur notre profession a été publié dans le NOUVEL ECONOMISTE du 15 AU 21 février 2007.

Afin de ne pas vous faire sombrer dans le catastrophisme, nous remettons en ligne

les blogs suivants  :    PROTEGEONS NOS CABINETS

                               LE RAPPORT 2006 DE LA CNBF

                  LES CHIFFRES CLEFS DE NOTRE PROFESSION

                               DES GREVES POUR 0.34 EUROS

 

« Libérez la Place Vendôme », criaient en décembre dernier quelque 3 500 avocats, irrités par leur situation précaire et surtout les lenteurs du garde des Sceaux, Pascal Clément. Ils manifestaient pour la revalorisation de l’aide juridictionnelle (AJ) – cette aide de l’Etat permettant aux plus démunis d’être défendus par un avocat. Désormais fixée à 22,84 euros bruts de l’heure, cette indemnisation au titre de l’AJ « pèse sur (les avocats) comme un véritable handicap », estime Me Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, présidente de l’Association nationale des avocats pour la sauvegarde des entreprises et leur développement (Anased). Elle fait surtout vivre, mal, tous ces jeunes avocats qui ne peuvent facturer 500 euros de l’heure ! Aujourd’hui, les dossiers de l’AJ se multiplient : un avocat sur quatre en profite : 10 427 d’entre eux se partageaient 73 % des 886 533 affaires de l’AJ en 2005, qui en comptait… 348 587 en 1991, l’année de sa mise en place. Pour la plupart, avocats individuels ou collaborateurs, ces « artisans du droit, comme les appelle le bâtonnier de Créteil, Me Eric Allain, se retrouvent financièrement dépendants du secteur assisté, auquel ils se raccrochent pour boucler leurs fins de mois », explique-t-il au Monde.


La motivation est rarement au rendez-vous : ces professionnels sont indemnisés de la même façon en cas d’échec ou de succès. Fonctionnarisation rampante ou paupérisation de la profession ? L’émergence d’un barreau à deux vitesses.

 Les avocats sont de plus en plus nombreux à être en situation précaire. L’écart se creuse. Une rupture de plus en plus nette sépare les aînés argentés des jeunes professionnels en difficulté. Le quart de la profession se partage plus de la moitié du revenu global enregistré à la Caisse nationale des barreaux français (CNBF). Parallèlement, un avocat sur quatre déclarés à la CNBF dispose d’un revenu mensuel inférieur à 1 500 euros, soit quasiment le smic et 3,4 % de la profession ont des revenus déficitaires ou nuls. Plus globalement, sur les 45 818 avocats français – dont 18 461 parisiens –, 3 000 sont en difficulté. « Ce chiffre est très important », estime Me Jacqueline Socquet-Clerc Lafont. Pourtant, Me Brigitte Longuet, membre du Conseil de l’ordre et du Conseil national des barreaux, reste optimiste : « La profession se porte bien. Depuis plusieurs années, le chiffre d’affaires de l’ensemble des avocats est très correct » – en 2004, 2,8 milliards d’euros contre 1,6 milliard en 1996. Cette vision globale satisfaisante cache des disparités qui le sont beaucoup moins notamment d’un barreau à l’autre : les avocats parisiens dont les chiffres sont boostés par tous les cabinets anglo-saxons ont des revenus supérieurs de 60 % à ceux des provinciaux. Des causes multiples Les causes des maux sont connues : concurrence des experts-comptables qui tentent de gagner de l’importance sur le terrain du conseil, multiplication des juristes d’entreprises, essor des cabinets d’affaires et étrangers, certains jeunes avocats ont du mal à se faire une place dans la profession. Surtout les généralistes : 78 % des hommes de robe les mieux rémunérés sont spécialisés. Il faut y ajouter quatre difficultés : la fluctuation de l’activité – le départ d’un ou de plusieurs clients impose à l’avocat une réorganisation totale, les charges étant dues d’une année sur l’autre –, les impayés, les problèmes de santé – opérant un parallèle avec les médecins, Me Brigitte Longuet questionne, un peu ironique : « Vous faites-vous ausculter par un médecin plus malade que vous ? » –, ou encore le manque de rigueur dans la gestion. Vice-président du Conseil national des barreaux, Thierry Wickers donne l’axe stratégique : « Notre objectif est de permettre à la profession de se positionner sur des marchés plus porteurs en ouvrant leurs champs d’activités. ».

 Un clignotant s’allume récemment : des procédures prennent en charge ces difficultés matérielles. Depuis la loi du 26 juillet 2005, les avocats sont susceptibles d’être soumis aux procédures collectives de mandat ad hoc, de conciliation, de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire. « La loi est positive pour la profession. Elle évite des situations catastrophiques », affirme Me Brigitte Longuet, auteur d’un rapport sur la loi. Ayant un effet miroir sur des situations déjà anciennes, « la loi était importante pour la régulation. On ne pouvait pas rester dans un no man’s land », affirme sa consœur. Un regroupement inéluctable « Nous n’avons jamais trouvé de loi qui évite la faillite », déclare Me Jacqueline Socquet-Clerc Lafont. Or, « les avocats camouflent leurs difficultés, ils doivent demander conseil dès leur apparition », ajoute-t-elle.

La prévention est justement l’innovation de la loi de sauvegarde des entreprises de 2005. Prévention, certes, mais consolidation aussi : « Les avocats doivent inévitablement se regrouper en structure », affirme Me Brigitte Longuet. Les chiffres lui donnent raison : les avocats regroupés en cabinets de 50 à 100 associés touchent près du double des individuels. Curieusement, le nombre d’indépendants est en constante augmentation pour atteindre aujourd’hui le tiers de la profession. Thierry Wickers regrette cet « émiettement extraordinaire » et pose le problème du « retard des cabinets français par rapport aux Américains qui disposent de structures sous forme commerciale permettant notamment de constituer des capitaux propres ». Et si toutes ces difficultés résultaient en fait d’une démographie trop

17:30 Publié dans Des propositions de développement, Le périmètre du Droit | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | | | Pin it! |  Imprimer | | |

Commentaires

Il me semble que, contrairement à une légende tenace, les cabinets américains individuels sont plus nombreux - et de loin - que les grosses structures. Me trompé-je?

Écrit par : FRAITAG Alain | 22/02/2007

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Se regrouper pour gagner du fric et "constituer des capitaux propres".

La belle affaire... merci de cette intervention illustrant la hauteur de vie du Conseil que vous représentez, M. Wickers.... ca donne envie de vous suivre....

Écrit par : Kemar | 08/12/2011

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cher monsieur Kemar


je ne comprends pas votre position

merci de m appeler -mais courtoisement - pour que je vous donne des explications d'un homme fier d'être un avcoat

Écrit par : rép à KEMAR | 08/12/2011

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