Mémoires sur la Bastille, par Me Linguet (1/10) (30/07/2015)

cd16871e45e4db44d02783fca1c85b87.gifMémoires sur la Bastille, de Simon-Henri-Nicolas Linguet,

 Réédition du texte de Simon-Henri-Nicolas Linguet, qui, à la veille de la Révolution, faisait de la forteresse un des symboles de l’Ancien Régime

 

Durant les vacances ,LE CERCLE DU BARREAU va bloguer des œuvres d’histoire notamment sur notre confrère LINGUET,c’est à dire sur la vie du Parlement de Paris au XVIII ème siècle

Notre confrère  n’a été avocat au Parlement de Paris que pendant dix ans. 

 

A l’époque ,l’accusé devait prêter serment et l’avocat était interdit de procès pénal , nos confrères  ne pouvaient pratiquer la défense pénale que par la diffusion de factums cliquer ..

La bibliothèque de l’ordre en possède plus de trois mille dont les plus célèbre ont été des piliers de notre révolution judiciaire de 1789.(pour lire notre histoire avant 1789 cliquer)

le 9 octobre 1789 : abrogation de l'ordonnance de colbert

LINGUET  fut un des premiers avocats de rupture ,et devint rapidement la coqueluche du tout Paris malgré son caractère arrogant et souvent méprisant .Ce confrère , qui a été un des avocats du CHEVALIER DE LA BARRE contre les bœufs tigres  , ennemis jurés de VOLTAIRE a  laissé une marque auprès de nombreux historiens  ce qui va nous permettre de revisiter la vie du parlement de Paris au XVIII ème Siècle

Après sa radiation du barreau  sur demande de notre confrère GERBIER ,Linguet est devenu  un des fondateurs du journalisme politique en France avant 1789. L’homme polémique alors avec les philosophes, avec l’Académie, avec des ministres et nombre d’autres personnages puissants.

Sans doute va- t-il trop loin contre certains et, en 1780, il est embastillé. Il séjourne deux ans dans la forteresse, puis, une fois libéré, vit à l’étranger jusqu’à la Révolution. Les Mémoires qu’il consacre en 1783 à la prison d’État sont un ouvrage essentiel pour qui souhaite comprendre comment le mythe de la Bastille a enflé dans les années 1770-1780 alors même que la prison était de moins en moins utilisée.

 Le frontispice de l’édition de 1783 est orné d’une gravure représentant la foudre s’abattant sur un château en ruines… tout un symbole pour Linguet, qui achevait son livre par un appel direct à Louis XVI, en ayant soin de séparer ce « bon » roi innocent de ses « mauvais » ministres :

« Vous êtes donc bien loin de soupçonner que, dans votre royaume, dans votre capitale, sous vos yeux, il existe une place dévouée spécialement à perpétuer sur l’innocence une question [torture] mille fois plus cruelle que toutes les questions préparatoires proscrites par vous […] Parlez ! À votre voix on verra s’écrouler les murailles de cette moderne Jéricho, plus digne mille fois que l’ancienne des foudres du Ciel et de l’anathème des hommes. »

Rhétorique classique, qui suppose que les puissants de ce monde puissent ignorer ce que font leurs subordonnés…

Le coeur de l’ouvrage réside dans la troisième et dernière partie. Loin de s’inscrire dans toute une veine littéraire qui se complaît alors à évoquer les tortures, c’est avant tout sur la violence psychologique qu’insiste Linguet, et en cela certains passages de son récit sont d’une sinistre modernité. Tout est fait pour tourmenter « l’âme » et sa plume montre que ces tourments peuvent être pires que ceux infligés au corps.

Somme toute, peu importe que les historiens aient depuis remis en question la sévérité des conditions de détention à la Bastille ; ce qui est fondamental dans le récit de Linguet, c’est, d’une part, sa capacité à frapper les imaginations, d’autre part, le caractère de facto universel de sa dénonciation. En effet, à lire ses Mémoires, on ne peut parfois s’empêcher de penser à d’autres époques et à d’autres emmurés vivants, dont les noms et les  lieux sont  révélés dans la presse internationale .

À lire ses Mémoires, on saisira aussi et surtout comment le 14 juillet 1789 a pu devenir un événement clef dans l’été 1789 et un symbole par sa place dans l’imaginaire collectif des Français depuis plus de deux siècles.

Le journal Révolutions de Paris, dans son premier numéro, le 19 juillet 1789, achevait son récit de la prise de la Bastille par cette phrase : « Ce soir, il y a illumination. »

pour lire le journal de l'époque cliquer

 

Si Linguet prend parti pour la révolution, il n’en finit pas moins par être considéré comme suspect et est arrêté en septembre 1793, puis envoyé à la guillotine en juin 1794 pour avoir « encensé les despotes de Vienne et de Londres ».

 

 Texte préparé grâce à Michel Biard, historien

01:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : justice, france, republique |  Facebook | | | Pin it! |  Imprimer | | |