Mme Alliot-Marie et l’acte d' avocat (22/12/2009)
Discours de Michèle Alliot-Marie,
ministre d'Etat,
garde des Sceaux,
ministre de la Justice et des Libertés
L’acte d'avocat bientôt devant l'assemblée nationale par T Wickers
L’éditorial de Jean-Francis Pécresse les échos du 23.12.09
« Or, aussi longtemps que 3.000 nouvelles robes noires prêteront serment chaque année, il sera vain d'espérer donner à toutes les moyens de vivre décemment. Le devoir de l'Etat était de pacifier les professions du droit, il est aussi de ne pas les laisser en l'état. »
Mesdames, Messieurs,
La société française évolue. Le monde économique évolue. L'adaptation des professions du droit à ces nouvelles réalités est une exigence tant dans l'intérêt des particuliers et des entreprises, que pour l'avenir même de ces professions.
Dans son rapport sur les professions du droit remis au président de la République, la commission présidée par Maître Darrois a développé de nombreuses propositions en ce sens.
L'une d'elle visait la création d'un acte contresigné par avocat. |
Cette suggestion, reprise dans la proposition de loi déposée à l'Assemblée nationale par M. Etienne Blanc, a suscité certaines craintes de la profession notariale.
Celle-ci craignait notamment un affaiblissement de l'acte authentique.
Dès mon arrivée au ministère de la justice, j'ai engagé une concertation approfondie avec Messieurs Wickers et Ferret, présidents du Conseil national des barreaux, et du Conseil supérieur du notariat.
Nous avons travaillé ensemble pour apporter les éclaircissements nécessaires à la création d'un acte contresigné par avocat, mais aussi pour offrir aux deux professions de nouvelles opportunités de développement de leurs activités et de nouvelles forces face aux concurrences internationales.
Je suis heureuse de vous annoncer que nous sommes désormais parvenus à un accord. Je déposerai donc au début de l'année 2010, un projet de loi mettant en œuvre les préconisations du rapport Darrois.
Ce projet comprendra plusieurs volets:
- D'abord, la reconnaissance d'effets de droit au contreseing d'un acte sous seing privé par un avocat.
Il nous fallait notamment préciser la portée exacte conférée par la loi au contreseing d'un acte par un avocat.
Par son contreseing, l'avocat attestera avoir éclairé pleinement la partie qu'il conseille sur les conséquences juridiques de l'acte.
Ce contreseing fera pleine foi de l'écriture et de la signature des parties.
Celles-ci garderont toutefois la possibilité de recourir à la procédure de faux prévue par le code de procédure civile pour les actes sous seing privés.
Ce contreseing par un avocat ne pourra en aucune façon être confondu avec l'authentification par un notaire.
Notaire et avocat ont un statut différent, leurs actes doivent donc avoir un statut différent.
Seule l'authentification donne force exécutoire à un acte. Celui-ci a donc la même force qu'un jugement, et ne peut être contesté que par l'inscription de faux.
Si le projet de loi est adopté, nos concitoyens pourront donc, en fonction de leurs besoins, bénéficier de ces deux types d'actes.
- Deuxième volet du projet de loi, la réaffirmation du rôle essentiel du notaire, et de l'acte authentique, notamment en matière immobilière.
Le code civil rappellera expressément que seul un acte authentique peut donner lieu à publicité foncière.
- Troisième volet, le développement de l'interprofessionnalité entre professions du droit.
Des avocats, des notaires, des huissiers de justice et des commissaires-priseurs judiciaires pourront créer une même société de participations financières détenant des parts dans des sociétés ayant pour objet l'exercice de deux ou plusieurs de ces professions.
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En élargissant le débat au-delà de la question de l'acte contresigné, le dialogue que nous avons instauré a permis la restauration de la confiance et le rapprochement entre les grandes professions du droit.
Cela va désormais nous permettre de travailler ensemble pour renforcer la modernisation des professions juridiques et judiciaires.
Mon objectif est de parvenir à créer une communauté de juristes cohérente et apaisée afin de promouvoir ensemble notre système juridique en France, au sein de l'Union européenne et au-delà.
Pour cela, il faut que chaque profession soit rassurée sur les conditions de son activité professionnelle afin de pouvoir se consacrer au service de nos concitoyens et de la justice de notre pays.
L'accord que nous avons pu dégager avec le Conseil national des barreaux et le Conseil supérieur du notariat sur l'acte contresigné par avocat, y contribuera. |
16:58 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : justice, acte d'avocat | Facebook | | | | Imprimer | |
Commentaires
Ce qui est choquant,c'est que les notaires, par leur chantage électoral, et aussi leur chantage à l'emploi, aient obtenu que le projet de loi insère dans le Code civil une disposition nouvelle selon laquelle seuls les actes authentiques peuvent être publiés aux hypothèques.
Jusqu'à maintenant, seul le décret n° 55-22 du 4 janvier 1955, imposait un acte notarié, en précisant que c'était pour une raison technique : la conformité du fichier immobilier.
En insérant cette disposition très spéciale dans le Code civil, uniquement pour faire plaisir aux notaire, la garde des Sceaux tente de verrouiller pour l'avenir ce monopole exclusif, que rien ne justifie plus, d'autant plus avec la création de "l'acte d'avocat", qui aura toutes les caractéristiques nécessaires pour être publié aux hypothèques.
Les avocats devraient maintenant se mobiliser pour que le Code civil ne soit pas ainsi modifié pour le seul bon plaisir des notaires.
La garde des Sceaux, à la recherche pathétique d'un impossible consensus, ne semble pas avoir saisi la différence la simple disposition technique relevant d'un décret, et une disposition incluse dans le Code civil au caractère plus intangible
A mon humble avis, les avocats devraient maintenant se mobiliser énergiquement sur ce point précis, s'ils ne veulent pas hypothéquer (... sans acte notarié) l'avenir de leur profession.
DU CALME A ANONYME
Cher Monsieur anonyme, je comprends votre désir de bataille mais je ne vous suis pas sur ce terrain.
le décret de 1955 était juridiquement au moins bancal et il n'est pas anormal que cette honorable profession ait voulu légaliser ce décret compte tenu notamment de la concurrence des sollicitors et surtout de la nécessaire sécurite juridique à apporter à nos concitoyens et entreprises.
Les avocats ne sont pas des imbéciles heureux qui ...mon obligation de courtoisie m'interdit d'écrire des gros mots
pour nous , avocats, l'accord est un accord dans lequel chacun a obtenu des avancées d'avenir
le cercle du barreau ne vous suit donc pas dans votre combat actuel.
P Michaud
Écrit par : anonyme | 22/12/2009
« Timeo Danaos et dona ferentes »
faut il se mefier des cadeaux de autres ?
Aattention aux pièges des notaires qui font avancer leurs alliés experts comptables
Écrit par : « Timeo Danaos et dona ferentes », | 07/02/2010