LES AVOCATS ONT DU MAL A SE FAIRE ENTENDRE..... (21/03/2007)

medium_assemble_nationale.4.jpg Les avocats ont du mal à se faire entendre dans la campagne électorale

[les échos 21/03/07 ]

Une lettre envoyée aux candidats à l'élection présidentielle par le Conseil national des barreaux (CNB), un « grand oral » pour les représentants des grands partis sur la justice organisé par la Conférence des bâtonniers : les avocats tentent de peser dans la campagne, mais avancent en ordre dispersé. Focalisés sur la défense de leur métier, ils peinent de plus en plus à se faire entendre sur les grands sujets de société et perdent de leur influence politique.

Le débat sur la réforme de la justice, qu'ils s'entendent tous à trouver nécessaire, a du mal à percer dans la campagne électorale. Un exemple : vendredi dernier, la Conférence des bâtonniers recevait les représentants « justice » des partis en lice pour la présidentielle, sans être arrivés à faire venir les candidats en personne. Officiellement, la séance était consacrée aux programmes des partis pour la justice, la défense des libertés et l'accès au droit. L'audition a été en fait l'occasion, pour les avocats, de faire part de leurs inquiétudes face à l'entrée en vigueur de la directive européenne Services qui va ouvrir plus encore les métiers du droit à d'autres professions.

Anticiper les besoins

L'aide juridictionnelle, qui permet aux avocats, payés alors par l'Etat, de défendre les plus démunis, a été aussi au coeur des débats ainsi que la carte judiciaire. L'ensemble donnant l'impression d'une profession arc-boutée sur ses prérogatives. Pendant ce temps, le CNB opte pour la création d'un « centre de recherche et d'étude des avocats » (CREA), composé d'économistes, de sociologues, de philosophes et de de juristes. « Ils s'agit d'anticiper les besoins de la profession et d'apporter des solutions », explique Paul-Albert Iweins, le président du CNB. Le CREA sera chargé, par ses rapports, d'une « aide à la prise de décision ». 

 « Chausser de nouvelles lunettes »

Est-ce à dire que les avocats ont définitivement perdu leur influence dans la société et le débat électoral, là même où ils ont, pendant longtemps, occupé une place de premier plan ? Ainsi, là où Robert Badinter faisait entendre sa voix contre la peine de mort avant 1981, ils sont absents aujourd'hui du débat sur l'euthanasie. « Il convient de chausser de nouvelles lunettes pour évaluer le rôle de l'avocat », estime Christophe Jamin, professeur à Sciences-Po et directeur scientifique du CREA.

Pragmatiques, ils ont pris conscience du déplacement d'une partie du pouvoir décisionnel au niveau européen et préfèrent désormais porter leurs causes devant la Cour de justice des Communautés européennes pour le droit économique et devant la Cour européenne des droits de l'homme pour les droits fondamentaux. Reste que leur action demeurent souterraine et que, au niveau européen, l'influence des cabinets d'avocats anglo-saxons est bien plus forte que celle des cabinets français.

08:27 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : avcoat, justice |  Facebook | | | Pin it! |  Imprimer | | |