l'exemple de l'Europe :La contagion révolutionnaire.... (26/02/2011)

DE L HISTOIRE TOUT SIMPLEMENT  LIBERTE.jpg

1848 LE PRINTEMPS DES PEUPLES
cliquer
 

La contagion révolutionnaire existe. C’est même un phénomène récurrent depuis la Révolution française de 1789. Celle de 1848 a soulevé l’Europe entière après elle. Celle du monde arabe d’aujourd’hui emprunte aux mêmes sources.  

 

Pour Baudelaire,

c’est un « moment unique dans l’histoire où les sentiments de tant d’individus ne font qu’une immense espérance »

Une analyse politique de cette époque 

La France à la recherche d’un régime politique stable 1848 - 1879 

Par Joëlle Kuntz Le Temps pour imprimer cliquer    

Le 22 février 1848, le gouvernement de François Guizot interdit un «banquet réformiste» prévu à Paris. Depuis l’été précédent, des foyers de révolte se sont allumés contre «la concussion, la corruption, la dilapidation» de la royauté trafiquante de Louis-Philippe. Tout un peuple écarté des privilèges de la monarchie bourgeoise réclame des lois ouvrières et l’abaissement du cens électoral. Niet de Guizot, pour qui le suffrage universel est «un système absurde qui appellerait toutes les créatures vivantes à l’exercice de droits politiques».

les révoltes de 1848

L’interdiction du banquet humilie les Parisiens qui se rassemblent autour des Champs-Elysées.

 Dispersés par des salves de police, ils reviennent plus nombreux le lendemain. Sous une pluie torrentielle, ils édifient des barricades. Des heurts ont lieu. Les gardes nationaux s’interposent, prenant parti pour les insurgés. Inquiet, le roi congédie Guizot. Les manifestants veulent plus. Une altercation entre l’un d’eux et un sergent corse dégénère: les soldats tirent dans la foule. Les révoltés ramassent une quinzaine de cadavres qu’ils amènent, à la lueur des torches, jusqu’au Châtelet. Une révolution commence. Louis-Philippe est prié de s’en aller. Il hésite entre la résistance et l’abdication. Le 24 au soir, il n’a plus le choix, il abdique.

 

Le 28 février, la République est proclamée. La deuxième.

Les «journées de février» à Paris ont une énorme répercussion en Europe. Si elles ont des causes bien françaises – l’arrogance et l’injustice d’un régime devenu l’auge des intérêts personnels – elles révèlent les forces nouvelles qui partout bousculent l’ordre monarchique autoritaire établi par le Traité de Vienne de 1815. Du Danemark au Monténégro, de l’Espagne à la Finlande, la vieille Europe tremble sous la menace de la jeune Europe: «Jeunesse magnifique qui croyait à la liberté, à l’égalité, à la fraternité… qui donna sa vie entre 1815 et 1848 par dizaine de milliers pour qu’existent une Italie libre, une Allemagne unifiée, une Pologne indépendante, une Grèce ressuscitée», écrit François Fejtö dans l’histoire du «Printemps des peuples». Pour qu’existe aussi une Suisse fédéralisée, comme le préconisait l’organisation secrète de la «Jeune Europe» créée par Mazzini en 1834 pendant son exil helvétique.

En 1848, il y a près de 80 millions d’Européens de plus que dans les premières années du siècle. Cette augmentation brusque de la population, de 30 à 45% selon les pays, fait grossir les villes, elle appauvrit les campagnes et au total déstabilise les institutions existantes. Il en faut de nouvelles. Sous l’effet supplémentaire d’une crise économique provoquée par la maladie de la pomme de terre et les mauvaises récoltes, toute l’Europe se met sens dessus dessous. Là, il s’agit de conquérir l’indépendance nationale, là des libertés politiques, et presque partout des droits sociaux.

Suite aux événements français, une grande manifestation a lieu le 27 février à Mannheim. Des troubles se propagent dans tous les Etats allemands. En Prusse, ils aboutissent à la convocation d’un parlement. En Bavière, à l’abdication du roi Louis 1er en faveur de son fils. Le 18 mai, le «parlement de Francfort» est réuni, c’est la première assemblée représentative d’une Allemagne unie.

Le 13 mars, une émeute à Vienne oblige le comte de Metternich, chancelier de l’empire austro-hongrois, à s’enfuir, caché dans une corbeille à linge. L’empereur Ferdinand est contraint d’accepter l’élection d’une constituante. Son premier projet de constitution est refusé à coup de pierres de derrière les barricades.

Sur la lancée, la révolution éclate à Budapest, où Lajos Kossuth prône la déchéance de la dynastie des Habsbourg et l’indépendance de la Hongrie. Les Tchèques, les Roumains de Transylvanie, les Lombards, les Vénitiens font également valoir leurs revendications nationales.

Le 2 mai, une insurrection soulève la Posnanie, dans une Pologne, divisée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche.

Suède, Irlande, Espagne, Portugal, les sociétés bougent.

Mais sauf en Suisse où les radicaux parviennent à s’emparer de l’Etat et à former une Confédération à la hauteur des besoins de l’époque, les révolutions européennes de 1848 échouent. Les revers se succèdent dès le mois de juin. En 1852, les conservateurs ont presque partout repris le pouvoir. La France tombe aux mains de Napoléon III.

«Avec 1848, écrit François Fejtö, c’est la jeune Europe qui déploie ses ailes. A Paris, à Dresde, à Vienne, en Transylvanie, dans les provinces serbes, les étudiants fournissaient l’avant-garde du camp révolutionnaire. Et c’est pour cela que les révolutions exprimaient moins la voix prosaïque des intérêts de classe que les méditations utopiques des intellectuels, le lyrisme enthousiaste et même emphatique de la jeunesse.» Le Frédéric de L’éducation sentimentale est le prototype de cette génération de 1848. Flaubert le peint, ivre de joie dans les rues de Paris, pris «d’un attendrissement suprême et universel, comme si le cœur de l’humanité tout entière avait battu dans sa poitrine».

On ressent en Egypte, en Tunisie, ces effluves flaubériennes d’un «immense amour». Comme le dit Fejtö, «les révolutions, à l’instar des chefs-d’œuvre de l’art tragique, soulèvent un peu le voile qui couvre le secret de l’humanité. Ce secret, c’est l’âme passionnée des peuples qui n’apparaissent sur l’avant-scène qu’aux moments des grandes crises de croissance qui secouent le monde».

 

11:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les révoltes de 1848 |  Facebook | | | Pin it! |  Imprimer | | |